PLFSS 2019 : menace sur la prestation de santé à domicile

Si les annonces du Gouvernement en faveur d’une augmentation de l’ONDAM pour 2019 semblaient un signal positif pour notre secteur pour l’année à venir parallèlement aux différentes orientations retenues dans le cadre du plan « Ma santé 2022 », l’objectif prévu de réaliser 3,8 milliards d’euros d’économies sur les dépenses de l’Assurance maladie, via notamment les produits de santé et plus particulièrement les dispositifs médicaux en ville pour 150 millions d’euros nous parait pour le moins incompréhensible et hautement préoccupant.

En effet, cette économie attendue du secteur de la prestation à domicile est encore supérieure de 50 % à l’effort déjà consenti pour 2018 qui, avec 100 millions d’euros, était déjà considérable. Si une telle orientation pose clairement la question de la survie des entreprises qui interviennent chaque jour au domicile des patients elle interroge également sur la volonté réelle du Gouvernement de favoriser le virage ambulatoire et renforcer la prise en charge des patients à domicile, derrière les annonces faites, tant elle ne prend nullement en considération la réalité des acteurs économiques qui en ont la charge.

Alors que l’on sait qu’au regard de l’augmentation de l’espérance de vie, le nombre de personnes souffrant d’affections de longue durée ou dépendantes connaitra une croissance exponentielle, alors qu’elle représente déjà 60% de la dépense pour seulement 17% des assurés, ainsi que le décrit le PLFSS lui-même, demander aux prestataires de prendre en charge un nombre de patients croissant tout en réalisant 150 millions d’économies est purement irréalisable, totalement incohérent et irresponsable à l’endroit de ces patients qui ont bénéficié d’une prescription médicale et qui ont besoin d’un suivi de qualité.

Ceci reviendrait une nouvelle fois à faire peser l’augmentation du nombre de patients sur les prestataires alors que notre profession s’est engagée depuis plusieurs années dans une démarche intelligente et responsable de régulation des dépenses au côté du CEPS.

Aussi, au delà du montant de l’enveloppe, nous sommes également hautement préoccupés par le manque de visibilité quant au fléchage des économies envisagées. D’importants efforts ont été réalisés par notre profession sur la prise en charge des patients souffrant de pathologies respiratoires, diabétiques, nécessitant des perfusions ou pour les personnes dépendantes nécessitant un maintien à domicile. Aller au delà c’est remettre en question la pérennité de nos entreprises, de ses milliers d’emplois et la qualité de l’accompagnement des centaines de milliers de patients actuellement suivis.

A cette heure, la ministre, que nous avons sollicitée, et qui a été également interpellée par les parlementaires, n’a pas apporté de réponses à nos interrogations.

L’UPSADI se mobilise afin que les prestataires de santé à domicile indépendants ne fassent pas les frais d’orientations politiques prises en méconnaissance totale des spécificités de notre secteur.

 

#octobre 2018

Photo Elien Dumon on Unsplash

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