PSAD et Big Data

Les données de santé croissent de manière exponentielle dans le monde et, selon Thierry Zylberberg, directeur général d’Orange Healthcare, cette évolution est corrélée à l’amélioration des techniques médicales (augmentation des objets connectés, massification des maladies chroniques, enrichissement des dossiers médicaux des individus, apparition de techniques médicales alliant médicaments, dispositifs médicaux, outils de communication et d’analyse…).

Les conséquences du big data de la santé pourraientt être à terme le développement d’une médecine plus performante (à la fois prédictive et personnalisée), un bouleversement de la recherche et la réalisation d’économies.

D’ores et déjà des données de masse ont été utilisées aux Etats Unis pour optimiser des traitements, identifier leurs effets secondaires ou diminuer les taux de réadmission après sortie de soins, faisant baisser les coûts de prise en charge, de traitement et les taux de réadmission ou de mortalité.

Cependant, pour que le big data ne soit pas simplement un effet de mode décevant à moyen terme, il convient tout d’abord de se garder de commettre des erreurs conceptuelles (exemples : une corrélation ne signifie pas une causalité, la probabilité a un sens pour une population mais pas pour un individu pris isolément…). Mais il faudra aussi relever des défis éthiques et réglementaires (conditions d’ouverture des bases de données et, à cet égard l’article 47 du projet de loi santé paraît bien timide, égalité d’accès aux données, conditions d’utilisation, de protection, et propriété de ces données, sécurité de leurs transmissions…), et développer de nouvelles compétences faisant appel aux techniques mathématiques, statistiques, informatiques, et médicales pour analyser des masses gigantesques de données .

L’emballement de la production et de la mise à disposition de ces data, peut conduire à l’embolie du système de soins qu’il faut sans doute repenser en termes d’organisation en répondant à quelques questions essentielles : quel objet connecté pour suivre le malade, qui exploite les données et comment, comment rémunérer le professionnel de santé pour qu’il fasse le travail… ?

Le PSAD est aujourd’hui un collecteur de données qu’il met à disposition du patient, du prescripteur et de la sécurité sociale. Dans l’avenir pour répondre aux demandes de ses partenaires et du fait du développement technologique qui affecte les dispositifs médicaux et les communications, sa contribution à la production ne peut qu’augmenter. Comment participera-t-il à un nécessaire travail de fiabilisation, d’harmonisation et d’interopérabilité des matériels et procédures, quelle sera sa valeur ajoutée dans la forme de la mise à disposition des données et dans leur analyse ? Comment concevoir un accompagnement plus intelligent et plus prédictif ? Alors que de nouveaux métiers vont apparaître, on peut imaginer que le PSAD devienne un acteur à part entière, rémunéré comme tel, dans une nouvelle organisation des soins. Demain, il pourra par exemple, devenir vendeur- installateur-exploitant de capteurs connectés -opérateur à qui seraient sous traitées certaines opérations de transmission, d’alerte ou d’analyse. Une réflexion doit être lancée pour le préparer à trouver sa place dans ce nouveau système qui commence à émerger.

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